L’impatience

Ô ciel! après huit jours d’absence,
Après huit siècles de désirs,
J’arrive, et ta froide prudence
Recule l’instant des plaisirs
Promis à mon impatience!
 » D’une mère je crains les yeux ;
 » Les nuits ne sont pas assez sombres ;
 » Attendons plutôt qu’à leurs ombres
 » Phébé ne mêle plus ses feux.
 » Ah! si l’on allait nous surprendre!
 » Remets à demain ton bonheur ;
 » Crois-en l’amante la plus tendre ;
 » Crois-en ses yeux et sa rougeur,
Tu ne perdras rien pour attendre.  »
Voilà les vains raisonnements
Dont tu veux payer ma tendresse ;
Et tu feins d’oublier sans cesse
Qu’il est un dieu pour les amants.
Laisse à ce dieu qui nous appelle
Le soin d’assoupir les jaloux,
Et de conduire au rendez-vous
Le mortel sensible et fidèle
Qui n’est heureux qu’à tes genoux.
N’oppose plus un vain scrupule
À l’ordre pressant de l’Amour ;
Quand le feu du désir nous brûle,
Hélas! on vieillit dans un jour.


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Verset L’impatience - Évariste de Parny