Voulant te fuir

Voulant te fuir (fuir ses amours!
Mais un poète est bête),
J’ai pris, l’un de ces derniers jours,
La poudre d’escampette.
Qui fut penaud, qui fut nigaud
Dès après un quart d’heure?
Et je revins en mendigot
Qui supplie et qui pleure.

Tu pardonnas : mais pas longtemps
Depuis la fois première
Je filais, pareil aux autans,
Comme la fois dernière.
Tu me cherchas, me dénichas ;
Courte et bonne, l’enquête!
Qui fut content du doux pourchas?
Moi donc, ta grosse bête!

Puisque nous voici réunis,
Dis, sans ruse et sans feinte,
Ne nous cherchons plus d’autres nids
Que ma, que ton étreinte.
Malgré mon caractère affreux,
Malgré ton caractère
Affreux, restons toujours heureux :
Fois première et dernière.


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Verset Voulant te fuir - Paul Verlaine