VII.
Ô myrrhe! ô cinname!
Nard cher aux époux!
Baume! éther! dictame!
De l’eau, de la flamme,
Parfums les plus doux!
Prés que l’onde arrose!
Vapeurs de l’autel!
Lèvres de la rose
Où l’abeille pose
Sa bouche de miel!
Jasmin! asphodèle!
Encensoirs flottants!
Branche verte et frêle
Où fait l’hirondelle
Son nid au printemps!
Lis que fait éclore
Le frais arrosoir!
Ambre que Dieu dore!
Souffle de l’aurore,
Haleine du soir!
Parfum de la sève
Dans les bois mouvants!
Odeur de la grève
Qui la nuit s’élève
Sur l’aile des vents!
Fleurs dont la chapelle
Se fait un trésor!
Flamme solennelle,
Fumée éternelle
Des sept lampes d’or!
Tiges qu’a brisées
Le tranchant du fer!
Urnes embrasées!
Esprits des rosées
Qui flottez dans l’air!
Fêtes réjouies
D’encens et de bruits!
Senteurs inouïes!
Fleurs épanouies
Au souffle des nuits!
Odeurs immortelles
Que les Ariel,
Archanges fidèles,
Prennent sur leurs ailes
En venant du ciel!
Ô couche première
Du premier époux!
De la terre entière,
Des champs de lumière
Parfums les plus doux!
Dans l’auguste sphère,
Parfums, qu’êtes-vous,
Près de la prière
Qui dans la poussière
S’épanche à genoux!
Près du cri d’une âme
Qui fond en sanglots,
Implore et réclame,
Et s’exhale en flamme,
Et se verse à flots!
Près de l’humble offrande
D’un enfant de lin
Dont l’extase est grande
Et qui recommande son père orphelin!
Bouche qui soupire,
Mais sans murmurer!
Ineffable lyre!
Voix qui fait sourire et qui fait pleurer!
Mai 1830.