Sonnet XLVIII.
Ô combien est heureux qui n’est contraint de feindre,
Ce que la vérité le contraint de penser,
Et à qui le respect d’un qu’on n’ose offenser
Ne peut la liberté de sa plume contraindre!
Las, pourquoi de ce noeud sens-je la mienne éteindre,
Quand mes justes regrets je cuide commencer?
Et pourquoi ne se peut mon âme dispenser
De ne sentir son mal ou de s’en pouvoir plaindre?
On me donne la gêne, et si n’ose crier,
On me voit tourmenter, et si n’ose prier
Qu’on ait pitié de moi, O peine trop sujette!
Il n’est feu si ardent qu’un feu qui est enclos,
Il n’est si fâcheux mal qu’un mal qui tient à l’os,
Et n’est si grand douleur qu’une douleur muette.
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