Le château-fort
À quoi pensent ces flots, qui baisent sans murmure Les flancs de ce rocher luisant comme une armure? Quoi donc! n’ont-ils pas vu dans leur […]
À quoi pensent ces flots, qui baisent sans murmure Les flancs de ce rocher luisant comme une armure? Quoi donc! n’ont-ils pas vu dans leur […]
Ce bonhomme avait les yeux mornes Et, sur son front, chargé d’ennui, L’incorrection de deux cornes Tout à fait visibles chez lui. Ses vagues prunelles […]
Tout entier esprit, tout entier lumière, tout entier oeil. CLÉM. ALEX. Si l’on vous dit que l’art et que la poésie C’est un flux éternel […]
Orphée, au bois du Caystre, Ecoutait, quand l’astre luit, Le rire obscur et sinistre Des inconnus de la nuit. Phtas, la sibylle thébaine, Voyait près […]
Chacun choisit un homme, et moi j’ai choisi Dieu! Oui, j’ai, pour l’expliquer à la foule muette, Pris le plus grand poème et le plus […]
(Première lettre) Puisque nous avons seize ans, Vivons, mon vieux camarade, Et cessons d’être innocents ; Car c’est là le premier grade. Vivre c’est aimer. […]
L’habit râpé Vivent les bas de soie et les souliers vernis! La chaise dépaillée Dieu dit aux bons fauteuils : fauteuils, je vous bénis! Le […]
Que devant les coquins l’honnête homme soupire ; Que l’histoire soit laide et plate ; que l’empire Boîte avec Talleyrand ou louche avec Parieu ; […]
Don Rodrigue est à la chasse. Sans épée et sans cuirasse, Un jour d’été, vers midi, Sous la feuillée et sur l’herbe Il s’assied, l’homme […]
Sur l’effrayante falaise, Mur par la vague entrouvert, Roc sombre où fleurit à l’aise Un charmant petit pré vert, Ami, puisque tu me laisses Ta […]
Le conseil municipal de la ville de Paris a refusé de donner six pieds de terre dans le cimetière du Père-Lachaise pour le tombeau de […]
Le soir calme et profond se répand sur la plaine. Ma fille, asseyons-nous. Le couchant jette à peine Une vague lueur sous l’arche du vieux […]
(Mort le 31 décembre 1829.) Hélas! que fais-tu donc, ô Rabbe, ô mon ami, Sévère historien dans la tombe endormi! Je l’ai pensé souvent dans […]
‘Tis vain to struggle – let me perish young – Live as I have lived ; and love as I have loved ; To dust […]
Les paupières des fleurs, de larmes toujours pleines, Ces visages brumeux qui, le soir, sur les plaines Dessinent les vapeurs qui vont se déformant, Ces […]
Les étoiles, points d’or, percent les branches noires ; Le flot huileux et lourd décompose ses moires Sur l’océan blêmi ; Les nuages ont l’air […]
Oui. Je comprends qu’on aille aux fêtes, Qu’on soit foule, qu’on brille aux yeux, Qu’on fasse, amis, ce que vous faites, Et qu’on trouve cela […]
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin De venir dans ma chambre un peu chaque matin ; Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on […]
Le chasseur songe dans les bois À des beautés sur l’herbe assises, Et dans l’ombre il croit voir parfois Danser des formes indécises. Le soldat […]
Ô sultan Noureddin, calife aimé de Dieu! Tu gouvernes, seigneur, l’empire du milieu, De la mer rouge au fleuve jaune. Les rois des nations, vers […]
Psyché dans ma chambre est entrée, Et j’ai dit à ce papillon : – » Nomme-moi la chose sacrée. » Est-ce l’ombre? est-ce le rayon? […]
À mademoiselle Louise B. De nos jours, – plaignez-nous, vous, douce et noble femme! – L’intérieur de l’homme offre un sombre tableau. Un serpent est […]
À M. le vicomte de Chateaubriand. I. » Qui de nous, en posant une urne cinéraire, N’a trouvé quelque ami pleurant sur un cercueil? Autour […]
III. Plus loin! allons plus loin! – Aux feux du couchant sombre, J’aime à voir dans les champs croître et marcher mon ombre. Et puis, […]
II. Le jour s’enfuit des cieux ; sous leur transparent voile De moments en moments se hasarde une étoile ; La nuit, pas à pas, […]
I. Le ciel d’étain au ciel de cuivre Succède. La nuit fait un pas. Les choses de l’ombre vont vivre. Les arbres se parlent tout […]
Nous allions au verger cueillir des bigarreaux. Avec ses beaux bras blancs en marbre de Paros Elle montait dans l’arbre et courbait une branche ; […]
I. Il est des jours de brume et de lumière vague, Où l’homme, que la vie à chaque instant confond, Étudiant la plante, ou l’étoile, […]
Comme le matin rit sur les roses en pleurs! Oh! les charmants petits amoureux qu’ont les fleurs! Ce n’est dans les jasmins, ce n’est dans […]
I. L’aurore s’allume ; L’ombre épaisse fuit ; Le rêve et la brume Vont où va la nuit ; Paupières et roses S’ouvrent demi-closes ; […]
Lion! J’étais pensif, ô bête prisonnière, Devant la majesté de ta grave crinière ; Du plafond de ta cage elle faisait un dais. Nous songions […]
Un ravin de ces monts coupe la noire crête ; Comme si, voyageant du Caucase au Cédar, Quelqu’un de ces Titans que nul rempart n’arrête […]
Ô France, quoique tu sommeilles, Nous t’appelons, nous les proscrits! Les ténèbres ont des oreilles, Et les profondeurs ont des cris. Le despotisme âpre et […]
Apportez vos chaudrons, sorcières de Shakespeare, Sorcières de Macbeth, prenez-moi tout l’empire, L’ancien et le nouveau ; sur le même réchaud Mettez le gros Berger […]
Qu’il erre sans repos, courbé dès sa jeunesse, En des sables sans borne où le soleil renaisse Sitôt qu’il aura lui! Comme un noir meurtrier […]
Prends garde à Marchangy. La prose poétique Est une ornière où geint le vieux Pégase étique. Tout autant que le vers, certes, la prose a […]
Dans les vieilles forêts où la sève à grands flots Court du fût noir de l’aulne au tronc blanc des bouleaux, Bien des fois, n’est-ce […]
Solitude! silence! oh! le désert me tente. L’âme s’apaise là, sévèrement contente ; Là d’on ne sait quelle ombre on se sent l’éclaireur. Je vais […]
II. Oh! vers ces vétérans quand notre esprit s’élève, Nous voyons leur front luire et resplendir leur glaive, Fertile en grands travaux. C’étaient là les […]
Marchands de grec! marchands de latin! cuistres! dogues! Philistins! magisters! je vous hais, pédagogues! Car, dans votre aplomb grave, infaillible, hébété, Vous niez l’idéal, la […]
Comment, disaient-ils, Avec nos nacelles, Fuir les alguazils? – Ramez, disaient-elles. Comment, disaient-ils, Oublier querelles, Misère et périls? – Dormez, disaient-elles. Comment, disaient-ils, Enchanter les […]
Voilà que tout cela est passé… Mon enfance n’est plus ; Elle est morte, pour ainsi dire, quoique je vive encore. Saint Augustin, Confessions. I. […]
Le Progrès calme et fort, et toujours innocent, Ne sait pas ce que c’est que de verser le sang. Il règne, conquérant désarmé ; quoi […]
Sa grandeur éblouit l’histoire. Quinze ans, il fut Le dieu que traînait la victoire Sur un affût ; L’Europe sous la loi guerrière Se débattit. […]
Nous errions, elle et moi, dans les monts de Sicile. Elle est fière pour tous et pour moi seul docile. Les deux et nos pensers […]
Dieu qui sourit et qui donne Et qui vient vers qui l’attend, Pourvu que vous soyez bonne, Sera content. Le monde où tout étincelle, Mais […]
Mères, l’enfant qui joue à votre seuil joyeux, Plus frêle que les fleurs, plus serein que les cieux, Vous conseille l’amour, la pudeur, la sagesse. […]
Le poème éploré se lamente ; le drame Souffre, et par vingt acteurs répand à flots son âme ; Et la foule accoudée un moment […]
Le brouillard est froid, la bruyère est grise ; Les troupeaux de boeufs vont aux abreuvoirs ; La lune, sortant des nuages noirs, Semble une […]
L’aube est moins claire, l’air moins chaud, le ciel moins pur ; Le soir brumeux ternit les astres de l’azur. Les longs jours sont passés […]
IV. Victoire! il était temps, prince, que tu parusses! Les filles d’opéra manquaient de princes russes ; Les révolutions apportent de l’ennui Aux Jeannetons d’hier, […]
– Oh! comme ils sont goulus! dit la mère parfois. Il faut leur donner tout, les cerises des bois, Les pommes du verger, les gâteaux […]
Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants, Passer, gonflant ses voiles, Un rapide navire enveloppé de vents, De vagues et d’étoiles ; […]
L’humble chambre a l’air de sourire ; Un bouquet orne un vieux bahut ; Cet intérieur ferait dire Aux prêtres : Paix! aux femmes : […]
VI. Hélas! tout est fini. Fange! néant! nuit noire! Au-dessus de ce gouffre où croula notre gloire, Flamboyez, noms maudits! Maupas, Morny, Magnan, Saint-Arnaud, Bonaparte! […]
Je sais bien qu’il est d’usage D’aller en tous lieux criant Que l’homme est d’autant plus sage Qu’il rêve plus de néant ; D’applaudir la […]
Un sculpteur, qui vivait voilà bien trois mille ans, Fit pour le noir Pluton, qu’en leurs cachots brûlants Les ombres ont horreur de voir au […]
IV. Un grand houx, de forme incivile, Du haut de sa fauve beauté, Regardait mon habit de ville ; Il était fleuri, moi crotté ; […]
IV. Ô noirs événements, vous fuyez dans la nuit! L’empereur mort tomba sur l’empire détruit. Napoléon alla s’endormir sous le saule. Et les peuples alors, […]
Obscuritate rerum verba saepè obscurantur. GERVASIUS TILBERIENSIS. Amis, ne creusez pas vos chères rêveries ; Ne fouillez pas le sol de vos plaines fleuries ; […]
O altitudo! Avez-vous quelquefois, calme et silencieux, Monté sur la montagne, en présence des cieux? Était-ce aux bords du Sund? aux côtes de Bretagne? Aviez-vous […]
Voyons, d’où vient le verbe? Et d’où viennent les langues? De qui tiens-tu les mots dont tu fais tes harangues? Écriture, Alphabet, d’où tout cela […]
Oh! qui que vous soyez, qui voulez être maîtres, Je vous plains. Vils, méchants, féroces, lâches, traîtres, Vous périrez par ceux que vous croyez tenir. […]
II. Ma fille, va prier! – D’abord, surtout, pour celle Qui berça tant de nuits ta couche qui chancelle, Pour celle qui te prit jeune […]
Comme leurs yeux troublés de sentiments contraires Se baissaient devant lui, Il dit : » Allez en paix! allez en paix, mes frères, Vous qui […]
La sœur. Qu’avez-vous, qu’avez-vous, mes frères? Vous baissez des fronts soucieux. Comme des lampes funéraires, Vos regards brillent dans vos yeux. Vos ceintures sont déchirées. […]
Oh! talk not to me of a name great in story ; The days of our youth are the days of our glory ; And […]
N’attendez pas de moi que je vais vous donner Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ; La nuit meurt, l’hiver fuit ; maintenant […]
À LORD BYRON, EN 1811. Yo contra todos y todos contra yo. ROMANCE DEL VIEJO ARIAS. I. Qui peut savoir combien de jalouses pensées, De […]
Mon bras pressait ta taille frêle Et souple comme le roseau ; Ton sein palpitait comme l’aile D’un jeune oiseau. Longtemps muets, nous contemplâmes Le […]
Je ne vois pas pourquoi je ferais autre chose Que de rêver sous l’arbre où le ramier se pose ; Les chars passent, j’entends grincer […]
I. Quand la terre engloutit les cités qui la couvrent, Que le vent sème au loin un poison voyageur, Quand l’ouragan mugit, quand des monts […]
(Extrait) Peuples! écoutez le poète! Écoutez le rêveur sacré! Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seul a le front éclairé. Des temps futurs perçant […]
I. Il neigeait. On était vaincu par sa conquête. Pour la première fois l’aigle baissait la tête. Sombres jours! l’empereur revenait lentement, Laissant derrière lui […]
En plein midi, quand l’astre est à plomb sur nos têtes, On se sent la sueur, tiède, perler au front ; Les heures, groupe las, […]
Le vieil esprit de nuit, d’ignorance et de haine Des clous de Jésus-Christ forge à l’homme une chaîne, Change l’enfant candide et pur en nain […]
Viens, mon George. Ah! les fils de nos fils nous enchantent, Ce sont de jeunes voix matinales qui chantent. Ils sont dans nos logis lugubres […]
On a peur, tant elle est belle! Fût-on don Juan ou Caton. On la redoute rebelle ; Tendre, que deviendrait-on? Elle est joyeuse et céleste! […]
Puisque ce monde existe, il sied qu’on le tolère. Sachons considérer les êtres sans colère. Cet homme est le bourgeois du siècle où nous vivons. […]
I. À présent que c’est fait, dans l’avilissement Arrangeons-nous chacun notre compartiment Marchons d’un air auguste et fier ; la honte est bue. Que tout […]
Moi je suis content ; je rentre Dans l’ombre du Dieu jaloux ; Je n’ai plus la cour, j’ai l’antre : J’avais des rois, j’ai […]
Mon doux Georges, viens voir une ménagerie Quelconque, chez Buffon, au cirque, n’importe où ; Sans sortir de Lutèce allons en Assyrie, Et sans quitter […]
L’hirondelle au printemps cherche les vieilles tours, Débris où n’est plus l’homme, où la vie est toujours ; La fauvette en avril cherche, ô ma […]
Je prendrai par la main les deux petits enfants ; J’aime les bois où sont les chevreuils et les faons, Où les cerfs tachetés suivent […]
Un philosophe grec, persan ou byzantin, Débarqua sur les bords du Tibre un beau matin. Maint bourgeois tout de suite étourdit le pauvre homme Des […]
Fuis l’éden des anges déchus ; Ami, prends garde aux belles filles ; Redoute à Paris les fichus, Redoute à Madrid les mantilles. Tremble pour […]
Qu’était-ce que l’enfant? qu’était-ce que la mère? Je l’ignorais. C’était la saison éphémère Qui nous enchante ; et n’a qu’un défaut, durer peu, Avril. De […]
III. Cet homme fait venir, à l’heure où la nuit voile Paris dormant encor. Des généraux français portant la triple étoile Sur l’épaulette d’or ; […]
Anacréon, poète aux ondes érotiques Qui filtres du sommet des sagesses antiques, Et qu’on trouve à mi-côte alors qu’on y gravit, Clair, à l’ombre, épandu […]
La Champagne est fort laide où je suis ; mais qu’importe, J’ai de l’air, un peu d’herbe, une vigne à ma porte ; D’ailleurs, je […]
Il vivait, il jouait, riante créature. Que te sert d’avoir pris cet enfant, ô nature? N’as-tu pas les oiseaux peints de mille couleurs, Les astres, […]
Rire étant si jolie, C’est mal. Ô trahison D’inspirer la folie, En gardant la raison! Rire étant si charmante! C’est coupable, à côté Des rêves […]
I. Ce petit bonhomme bleu Qu’un souffle apporte et remporte, Qui, dès que tu dors un peu, Gratte de l’ongle à ta porte, C’est mon […]
L’amour fut de tout temps un bien rude Ananké. Si l’on ne veut pas être à la porte flanqué, Dès qu’on aime une belle, on […]
À force d’insulter les vaillants et les justes, À force de flatter les trahisons augustes, À force d’être abject et d’ajuster des tas De sophismes […]
Ces hommes passeront comme un ver sur le sable. Qu’est-ce que tu ferais de leur sang méprisable? Le dégoût rend clément. Retenons la colère âpre, […]
VII. Toi qui bats de ton flux fidèle La roche où j’ai ployé mon aile, Vaincu, mais non pas abattu, Gouffre où l’air joue, où […]
Qu’il est joyeux aujourd’hui Le chêne aux rameaux sans nombre, Mystérieux point d’appui De toute la forêt sombre! Comme quand nous triomphons, Il frémit, l’arbre […]
Quand tout se fait petit, femmes, vous restez grandes. En vain, aux murs sanglants accrochant des guirlandes, Ils ont ouvert le bal et la danse […]
Victoire, ami! je dépêche En hâte et de grand matin Une strophe toute fraîche Pour crier le bulletin. J’embouche sur la montagne La trompette aux […]