Vous me l’avez donné ce complément de vie,
Mon Dieu! ma soif d’aimer est enfin assouvie.
Du jour où cet enfant sous ma grotte est venu,
Tout ce que je rêvais jadis, je l’ai connu.
Pour la première fois, moi, dont l’âme isolée
A d’autres jusqu’ici ne s’était pas mêlée,
Moi qui trouvais toujours dans ce qui m’approchait
Quelque chose de moins que mon cœur ne cherchait ;
Au visage, au regard, au son de voix, au geste,
A l’émanation de ce rayon céleste,
Aux premières douceurs du premier entretien,
Au cœur de cet enfant j’ai reconnu le mien.
Mon âme, que rongeait sa vague solitude,
A répandu sur lui toute sa plénitude,
Et mon cœur abusé, ne comptant plus les jours,
Croit en l’aimant d’hier l’avoir aimé toujours.
De la Grotte, 17 septembre 1793.
Poèmes similaires:
- Jocelyn, le 20 septembre 1793 Je ne sens plus le poids du temps ; le vol de l’heure D’une aile égale et douce en s’écoulant m’effleure ; Je voudrais chaque […]...
- Jocelyn, le 16 septembre 1793 Mon cœur me l’avait dit : toute âme est sœur d’une âme ; Dieu les créa par couple et les fit homme ou femme ; […]...
- Jocelyn, le 16 décembre 1793 La nuit, quand par hasard je m’éveille, et je pense Que dehors et dedans tout est calme et silence, Et qu’oubliant Laurence, auprès de moi […]...
- Jocelyn, le 20 juillet 1800 O vraie et lamentable image de la vie! La joie entre par où la douleur est sortie! Le bonheur prend le lit d’où fuit le […]...
- Mois de septembre Après ces cinq longs mois que j’ai passés loin d’elle, J’interroge mon cœur ; il est resté fidèle. En Mai, dans la jeunesse exquise du […]...
- Lyon en 1793 Qui les a vus franchir la puissante limite? Comment de nos soldats ont-ils vaincu l’élite, Ces nombreux bataillons de guerriers inconnus? Jusqu’aux murs de Lyon […]...
- En septembre Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité, Sur les eaux et parmi les feuilles, […]...
- Delfica La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance, Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs, Sous l’olivier, le myrthe ou les saules tremblants, Cette chanson […]...
- Les coquillages Chaque coquillage incrusté Dans la grotte où nous nous aimâmes A sa particularité. L’un a la pourpre de nos âmes Dérobée au sang de nos […]...
- En plein midi En plein midi, quand l’astre est à plomb sur nos têtes, On se sent la sueur, tiède, perler au front ; Les heures, groupe las, […]...
- El desdichado Je suis le ténébreux, – le veuf, – l’inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la tour abolie : Ma seule étoile est morte, – et mon […]...
- La leçon maternelle A Saint-Cloud, sous le bois, tout rouge de colère, Un enfant poursuivait sa bonne en la frappant ; Une dame passait qui dit, le voyant […]...
- Me voici! c’est moi! Rochers, plages Me voici! c’est moi! Rochers, plages, Frais ruisseaux sous l’herbe échappés, Brises qui tout bas aux feuillages Dites des mots entrecoupés ; Nids qu’emplit un […]...
- Épithalame Hyménée, ô joie, hymen, hyménée! La nuit de mon cœur s’est illuminée. Et ce fut d’abord, d’abord en mon cœur, Des hymnes confus qui chantaient […]...
- Épitaphe Il vivait, il jouait, riante créature. Que te sert d’avoir pris cet enfant, ô nature? N’as-tu pas les oiseaux peints de mille couleurs, Les astres, […]...
- Chanson d’été Le soleil brûlant Les fleurs qu’en allant Tu cueilles, Viens fuir son ardeur Sous la profondeur Des feuilles. Cherchons les sentiers À demi frayés Où […]...
- Confidence Je t’apporte un cœur bien las. Ne me dis plus que tu m’aimes ; Une autre m’a dit, hélas! Les mêmes choses, les mêmes. C’était […]...
- L’enfant triste Pauvre enfant, dans un jour d’effroi, L’amour a-t-il semé ta vie? Tonnait-il fort? faisait-il froid? N’entendait-on pas le beffroi? Ta jeune mère eut-elle envie De […]...
- Chant d’amour (IV) Pourquoi de tes regards percer ainsi mon âme? Baisse, oh! baisse tes yeux pleins d’une chaste flamme : Baisse-les, ou je meurs. Viens plutôt, lève-toi! […]...
- L’enfant avril est le frère L’enfant avril est le frère De l’enfant amour ; tous deux Travaillent en sens contraire À notre coeur hasardeux. L’enfant amour nous rend traîtres, L’enfant […]...
- À un ange gardien Mon rêve, par l’amour redevenu chrétien, T’évoque à ses côtés, ô doux ange gardien, Divin et pur esprit, compagnon invisible Qui veilles sur cette âme […]...
- Le songe Quand autrefois dans cette arène, Où tout mortel suit son chemin, En coureur que la gloire entraîne, Je m’élançais, l’âme sereine, Un flambeau brillant à […]...
- Épitaphe Dans le faubourg qui monte au cimetière, Passant rêveur, j’ai souvent observé Les croix de bois et les tombeaux de pierre Attendant là qu’un nom […]...
- Mères, l’enfant qui joue à votre seuil joyeux Mères, l’enfant qui joue à votre seuil joyeux, Plus frêle que les fleurs, plus serein que les cieux, Vous conseille l’amour, la pudeur, la sagesse. […]...
- La fille de l’hôtesse » Du vin! Nous sommes trois ; du vin, allons, du vin! Hôtesse! nous voulons chanter jusqu’au matin. As-tu toujours ta vigne et ta fille […]...
- Laisse-moi sommeiller, amour Laisse-moi sommeiller, Amour! Ne te suffit-il que de jour Les yeux trop cruels de ma dame Me tourmentent le corps et l’âme, Sans la nuit […]...
- La voix de la mer Ni nuage, ni vent, au ciel que ton œil sonde! Vaste sérénité! Pourtant, si le ciel dort, L’onde veille : là-bas, sous un cap, la […]...
- Hymne de l’enfant à son réveil Ô père qu’adore mon père! Toi qu’on ne nomme qu’à genoux! Toi, dont le nom terrible et doux Fait courber le front de ma mère! […]...
- À une jeune fille Un baiser sur mon front! un baiser, même en rêve! Mais de mon front pensif le frais baiser s’enfuit ; Mais de mes jours taris […]...
- La bulle Bathylle, dans la cour où glousse la volaille, Sur l’écuelle penché, souffle dans une paille ; L’eau savonneuse mousse et bouillonne à grand bruit, Et […]...